Réseau des Kinés du Sein

Kinésithérapie et cancer du sein : zoom sur le RKS

7 minutes de lecture

Parce que le rôle du kiné est primordial et multiple dans l’accompagnement d’une patiente atteinte par un cancer du sein tout au long de ses traitements (et même après), nous avons voulu en savoir un peu plus sur cette discipline, et plus particulièrement sur le RKS, le Réseau des Kinés du Sein. Le RKS c’est l’ensemble de tous ces kinés spécialisés en sénologie et donc dans la prise en charge des patientes atteintes par un cancer du sein. Parmi ces professionnels de santé si important pour vous, nous avons rencontré Martine Raffin-Rainteau, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Martine Raffin-Rainteau, je suis kinésithérapeute spécialisée dans la prise en charge du cancer du sein en sénologie et je suis aussi la référente du RKS pour l’Île-de-France et je suis également formatrice pour la prise en charge du cancer du sein et des lymphœdèmes en sénologie.

Quel est le rôle du kiné dans l’accompagnement des personnes atteintes de cancer ?

Moi quand je fais ma formation, j’ai tendance à faire une fleur avec le cœur de la fleur et des pétales tout autour. Dans ces pétales, je mets le généraliste, le gynécologue, l’oncologue, le radiothérapeute, les soins de support, tout le personnel soignant que vont rencontrer les patientes à l’hôpital. Et au milieu, qu’est-ce que je mets ? Je mets le kiné. À chaque moment du traitement, on aura un rôle à jouer. On va faire quelque chose pendant la chimio, pendant la radiothérapie, on va agir sur les effets secondaires. On va agir sur tous les problèmes articulaires, musculaires, les brûlures, les cicatrices, en post-chirurgie, même avant la chirurgie. Donc on a vraiment un rôle à tenir tout au long du parcours de soins.

Quel est l’enjeu pour les patientes ?

Notre enjeu de kinés, c’est de faire que la patiente qui a un thorax mutilé, que ce soit partiel ou total, se réapproprie ce thorax et puisse revivre, on va dire, quasiment normalement. Qu’elle l’accepte et qu’on arrive à lui faire accepter, et qu’on arrive à lui redonner le meilleur pour elle-même.

Y a-t-il des bénéfices psychologiques ?

Quand je vous dis que c’est le kiné qu’elle voit le plus souvent, parce qu’elle nous voit 1, 2, de temps en temps même 3 fois par semaine, tout dépend de quand est-ce qu’on va la prendre dans le parcours de soins, c’est sûr qu’il y a des liens qui se créent avec les patientes. Alors nous on est kinés, on a notre boîte à outils de kiné, on n’est pas psychologues, donc on ne va pas prendre la place des psychologues et très souvent on essaie aussi de les orienter parce qu’elles ont besoin d’être aidées. c’est quand même un parcours du combattant. Mais c’est vrai que le côté psychologique est très important. Donc oui, on fait du physique, mais aussi on fait du psychologique.

Qu’est ce que le RKS ?

Le Réseau des Kinésithérapeutes du Sein, c’est un réseau qui a été créé en 2020 par une kiné qui s’appelle Dorothée Delecour. On est plus de 1 200 dans toute la France, Guadeloupe, Martinique, Belgique maintenant. On n’est pas assez, mais on continue à essayer de fédérer le plus de kinés possible. Et par retour, elles vont recevoir la liste des kinés qui sont proches de chez elles.

Comment peut-on trouver un membre du RKS ?

On demande aux patientes d’aller sur le site du Réseau des Kinés du Sein, elles vont entrer leur nom, leur prénom, leur adresses mail, et par retour elles vont recevoir la liste des kinés qui sont proches de chez elles.

A-t-on besoin d’une ordonnance ?

Il faut savoir que le cancer du sein, c’est une affection longue durée, donc les patientes sont prises en charge à 100% du début de la maladie jusqu’à la reconstruction pour celles qui vont se faire reconstruire, même si elles se font reconstruire 5 ans ou 10 ans après. Et pour être pris en charge, oui, il faut avoir une ordonnance de kiné. On a quand même des femmes qui viennent très tardivement, parce qu’elles n’ont pas eu forcément de prescription. Ce qui serait bien, ce serait qu’à la consultation d’annonce, où on annonce à la patiente qu’elle a un cancer et on lui annonce son protocole, qu’on lui dise : pendant votre parcours de soins, vous allez avoir très probablement besoin d’un kiné. Allez sur le site du Réseau des Kinés du Sein et là vous trouverez un kiné formé à cette pathologie et près de chez vous.

Quelles sont les différentes pathologies que vous pouvez traiter ?

En premier, quand on va les avoir en post-chirurgical, on va travailler essentiellement les adhérences, la cicatrice, le problème de cette épaule qui s’enroule, qu’on appelle l’attitude de protection du sein. Elles ont tendance à mettre leur épaule en avant pour se protéger. Et puis après, pendant la chimiothérapie, elles ont une fonte musculaire. Très vite, on va les remettre, on va leur faire faire de l’activité physique. L’activité physique, même pendant la chimio, elles peuvent la faire.

On va aussi pouvoir les préparer à la reconstruction, quand elles vont se faire reconstruire, en leur rendant un thorax le plus souple possible pour que la reconstruction soit la plus optimale. Donc vous voyez, on a vraiment un champ d’action énorme.

 

Et parce que tous les kinés ne sont pas formés en sénologie ou ne font pas partie du RKS, Martine a souhaité aussi s’adresser à l’ensemble de ses confrères, afin d’expliquer aux kinés la démarche à suivre pour accompagner eux aussi au mieux les patientes concernées par un cancer du sein, et pour rejoindre à leur tour le RKS !

Comment se spécialiser en sénologie ?

Après les études, on peut faire des formations sur la prise en charge kinésithérapique du cancer du sein, qui dure 2 jours. On fait de la théorie et de la pratique où on va apprendre toute la pathologie de cette maladie. Et donc on fait des formations après ces études. Quand on fait nos études de kiné, on va apprendre la kinésithérapie en général. Mais après, quand on veut se spécialiser, je pense qu’il est important de bien connaître la pathologie dans laquelle on veut se spécialiser. Les traitements évoluent de façon très rapide, surtout dans la prise en charge du cancer du sein. Et je pense que pour bien prendre en charge une patiente, il faut connaître la maladie, il faut connaître la chirurgie, les traitements, et c’est important pour l’accompagner au mieux.

Quel est le rôle du Réseau des Kinés du Sein ?

C’est un réseau de kinés qui sont formés en sénologie. La chance qu’on a, c’est que tous les mois et demi, on a un webinaire d’informations qui va nous permettre de nous tenir au courant. Donc ça c’est vraiment très intéressant parce que c’est des tas de sujets qui sont divers et variés et qui nous permettent d’évoluer dans notre activité et dans notre pratique. On a au niveau de chaque région ou de ville un groupe WhatsApp et on peut poser des questions parce qu’en cabinet, on est un petit peu seuls face à notre patiente et puis même quand on est formés, même quand on a de l’expérience, on peut se poser des questions, on peut avoir des doutes. Donc c’est bien cette entraide. On fait des réunions au niveau de chaque région, donc on va faire venir un chirurgien, on va faire intervenir nos partenaires, toujours pour fédérer et nous connaître.

Et puis maintenant le RKS va pas mal sur les réseaux sociaux et par exemple pendant Octobre Rose, on a énormément parlé de l’autopalpation. On essaie de se faire connaître pour que les femmes trouvent un kiné proche de chez elles qui soit formé.

Comment les kinés peuvent-ils rejoindre le RKS ?

On va sur le site du RKS et puis on dit « adhérez au RKS ». Et là, on va avoir un questionnaire assez complet auquel il faut répondre. On va signer une charte où on s’engage justement à prendre les patientes toutes seules. Enfin, il y a certaines conditions aussi pour être au RKS. Il faut avoir fait une formation de sénologie. Et pour les kinés qui viennent juste d’être formés ,on leur propose aussi de venir passer une demi-journée ou une journée chez une kiné ou chez un kiné plus expert pour justement pouvoir échanger. Puis à ce moment-là, on voit les patients ensemble, ils nous posent des questions sur des sujets qui sont moins faciles pour eux et ça permet de faire aussi une autre petite formation.

Encore un grand merci à Martine Raffin-Rainteau pour son temps, sa disponibilité et sa bienveillance afin de partager son expérience et son professionnalisme au plus grand nombre, en espérant que son témoignage pourra vous être utile ! N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience en commentaire si vous avez fait appel à un kiné membre du RKS pendant ou après vos traitements ! Et qui sait, peut être que d’anciens patients de Martine se cachent dans notre communauté 😉

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