Parce que les cancers masculins restent encore trop peu abordés, nous avons posé toutes nos questions au Dr Natacha Nahoun, oncologue à l’Institut Gustave Roussy. Spécialisée dans les cancers génito-urinaires, elle nous aide à y voir plus clair sur ce sujet si essentiel.
Quels sont les principaux cancers masculins ?
- Le cancer de la prostate, qui est le plus fréquent, avec près de 60 000 cas par an en France.
- Le cancer des testicules, plus rare, mais qui touche surtout les jeunes adultes entre 15 et 40 ans, avec entre 2 500 et 3 000 cas par an en France.
- Et le cancer du pénis, bien plus rare en France, mais spécifiquement masculin aussi et bien moins connu.
Qui est concerné par le cancer de la prostate ?
Il touche surtout les hommes qui ont en moyenne 65 ans, mais il y a aussi des cas précoces pour les gens qui ont des prédispositions génétiques.
La plupart du temps, il est diagnostiqué à un stade localisé à la prostate, avec des traitements qui ont pour objectif d’obtenir une rémission prolongée et une guérison.
Et le cancer des testicules ?
Il est beaucoup plus rare, il reste le cancer le plus fréquent dans sa tranche d’âge, donc chez les jeunes hommes entre 15 et 35-40 ans. C’est un cancer qui se soigne très bien, surtout s’il est diagnostiqué tôt !
Quels sont les principaux facteurs de risque ?
- Pour le cancer de la prostate : le principal facteur de risque, c’est l’âge, les antécédents familiaux de cancers de la prostate. Certaines prédispositions génétiques peuvent exister, notamment dans les familles où l’on retrouve des cancers du sein (y compris chez l’homme), de l’ovaire ou de la prostate.
- Pour le cancer du testicule : Le principal que l’on connaît est la cryptorchidie, c’est-à-dire lorsqu’un testicule ne descend pas correctement à la naissance. Et, de manière générale, le simple fait d’être un homme jeune entre 15 et 40 ans constitue déjà le facteur de risque le plus fréquent.
- Pour le cancer du pénis : le papillomavirus (HPV) peut jouer un rôle.
Quels sont les symptômes et comment les dépister ?
Pour le cancer de la prostate, il faut savoir qu’il ne donne souvent aucun symptôme. Le diagnostic repose principalement sur le dosage du PSA, via une prise de sang, associé à l’examen clinique (dont le toucher rectal).Le dépistage n’est pas systématique, il se discute avec son médecin à partir de 50 ans, ou plus tôt en cas d’antécédents familiaux.
Pour le cancer du testicule, il n’existe pas de dépistage organisé. En revanche, l’autopalpation régulière est utile pour repérer rapidement une boule, une modification de forme ou de texture. L’autopalpation est simple à faire, idéalement après la douche, lorsque la peau est détendue. Mais si jamais vous n’avez pas de douleur, ne vous fiez pas à cela car c’est un cancer qui peut être indolore, donc en cas de doute, il faut consulter rapidement !
Quelques ressources pour savoir comment pratiquer l’autopalpation
L’autopalpation se fait idéalement une fois par mois. La campagne du “8 du mois” rappelle justement d’y penser régulièrement : chaque 8, on prend un moment pour le faire. L’important, c’est d’ancrer ce geste dans sa routine, pour mieux connaître son corps et repérer tout changement tôt. Et pour bien le réaliser, vous pouvez aider de ressources précieuses, comme cet article 20minutes sur comment pratiquer l’autopalpation. Ou bien cette vidéo de l’Institut Gustave Roussy :
Pourquoi est-il parfois plus difficile pour les hommes d’en parler ?
Les normes autour de la masculinité sont encore d’actualité. On attend souvent des hommes qu’ils “tiennent bon” et qu’ils parlent peu de ce qui touche au corps ou à l’intimité. Ils consultent parfois plus tard. Pourtant, en parler tôt est essentiel ! N’hésitez pas à aborder la question avec un proche ou un médecin, cela peut permettre un diagnostic plus rapide et sauver des vies !
Quel impact psychologique peuvent avoir ces cancers ?
Le cancer, de manière générale, peut avoir un impact psychologique important, et c’est d’autant plus vrai pour ces cancers masculins qui touchent à l’intime. Cela peut concerner la vie affective et sexuelle, chez les jeunes hommes pour le cancer du testicule comme chez les hommes plus âgés pour le cancer de la prostate.
Un accompagnement psychologique est proposé systématiquement, et des ressources en oncosexualité sont également disponibles.
Il ne faut pas hésiter à en parler avec son médecin si cela n’a pas déjà été abordé : ces soutiens existent et viennent en complément du traitement.
Que dire à ceux qui n’osent pas consulter ?
Si l’idée de consulter vous traverse l’esprit, c’est déjà un signe qu’il faut le faire.
Vous pouvez commencer par en parler avec quelqu’un de confiance, car être accompagné permet souvent de diminuer l’appréhension.
Et faire les examens ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’un cancer ou de quelque chose de grave. Si une anomalie existe, plus tôt elle est identifiée, plus vite on peut agir !
Comment accompagner un proche ?
N’hésitez pas à ouvrir la discussion, même quand tout va bien. Parler de ces sujets en amont permet, le jour où une inquiétude apparaît, de ne pas hésiter à consulter ou à demander conseil.
Ce ne sont pas des sujets tabous : on parle largement du cancer du sein en octobre, et il n’y a aucune raison que ce soit différent pour les cancers masculins. Au contraire !
Encore un grand merci à Natacha Nahoun de nous avoir donné de son temps pour répondre à toutes nos questions !
